Empreinte carbone d’un café
L’évaluation des émissions globales de gaz à effet de serre (GES) d’une tasse de café a été réalisée à partir de trois modèles différents de cafetières supposées représentatives de leur catégorie. Elles présentent une ébauche d’analyse par la méthode Bilan Carbone® d’un produit de consommation courante, dans un but didactique. Les calculs étant basés sur des estimations et des données mesurées sur seulement trois modèles de cafetières et sur leurs accessoires associés, chaque valeur est empreinte d’une incertitude probablement significative, et doit donc être considérée comme un ordre de grandeur.
Cette mini-étude a été reprise dans le documentaire « Un empire dans mon assiette« , diffusé le 24 avril 2014 sur France5.fr.
Hypothèses principales
Cafetières analysées :
- cafetière à filtre papier utilisant du café moulu, dite « Filtre »
- cafetière expresso à percolateur utilisant aussi du café moulu, dite « Expresso »
- cafetière expresso utilisant des capsules individuelles rigides hermétiques, dite « Capsules »
Périmètre d’analyse retenu :
- fabrication de la cafetière, de quelques tasses et des cuillères (matériaux, énergie de fabrication, emballages, transport jusqu’au domicile)
- fabrication amont du café et d’un petit morceau de sucre (depuis les plantations, torréfaction, sucre de betterave, emballages, transports)
- conditions d’élaboration (consommation d’eau et d’énergie)
- reconditionnement du système (recyclage et/ou mise aux ordures ménagères des déchets, lavage de la tasse, de la cuillère et de la cafetière)
- mode de commercialisation (lieux de vente, marketing publicitaire, déplacement spécifiques des clients)
Quelques hypothèses de calcul :
- évaluations correspondant à la mise en route une seule fois par jour de la cafetière.
- durée de vie des cafetières supposée de 5 ans.
- élaboration amont du café identique entre les systèmes.
- conservation des produits à température ambiante.
- pas de mignardise associée (supposée indépendante du système retenu)
- aucune corrélation entre le nombre de tasses bues et le système choisi
Résultats pour deux cafés par jour
La cafetière elle-même ne représente que de l’ordre de 5 à 10 % du total des émissions de gaz à effet de serre.
De forts écarts apparaissent entre les différents moyens, l’expresso sans capsule étant dans ce cas le moyen plus performant.


Dans le premier poste « intrants », le système à capsules, qui utilise pourtant moins de café par tasse que les deux autres, est pénalisée par la part de marketing.
Le poste « emballages » est en large défaveur du système à capsules : l’individualisation du café moulu dans une cinquantaine de capsules en aluminium entraine de nombreux sur-emballages : petites boites en carton, sac spécifique de transport et poche en plastique de recyclage.
Le poste « électricité » du système à filtre est pénalisé par le lavage quotidien du récipient en verre de la cafetière.
Le poste « fret » du système à capsules est affecté par le trajet spécifique des clients qui doivent parfois se rendre dans des boutiques spécialisées.

Résultats pour huit cafés par jour
La fabrication des cafetières dans les émissions de GES devient ici quasiment négligeable.
La proportion relative de la livraison des capsules diminue, tout comme l’impact relatif du nettoyage de la cafetière à filtre.
Synthèse
En ordre de grandeur, le système le moins émissif de GES est la cafetière expresso à percolateur.
Le plus émissif est le système à capsules individuelles, avec environ deux tiers de surplus d’émissions.
La cafetière à filtre a une position intermédiaire. Elle est surtout performante lors de l’élaboration simultanée de nombreuses tasses.

Quid du café du futur ?
Une nouvelle génération de cafetières pourrait viser 20 gCO2e par tasse, avec les dispositions suivantes :
- usage de café bio.
- aussi peu d’emballage et de sur-emballage que ceux du café sous vide de la cafetière à percolateur, avec la même préservation des arômes que celle obtenue avec un café fraîchement moulu : cela peut être obtenu avec un broyeur (disposé à côté ou intégré à la cafetière)
- commercialisation dans un lieu n’entraînant aucun déplacement motorisé supplémentaire du fait du client
- recyclage effectif des emballages et le compostage du marc de café
- cafetière économe en consommation d’électricité.
- budget de commercialisation limité à l’essentiel.
Quantitativement, 60 gCO2e par café vu du consommateur, soit quelques dizaine de kgCO2e par an tout au plus, est assez faible au regard des émissions annuelles (d’environ 10 tCO2e dans le cas du Français en moyenne).
En revanche, pour les sociétés qui les commercialisent en masse le café ou les cafetières, cela représente beaucoup. D’où l’intérêt de se pencher sur le Bilan Carbone® de leur activité, notamment dans le cas où leurs nouveaux produits ou les évolutions des produits existants améliorent ou dégradent l’impact moyen.